@nikolavitch Globalement, ça réussit pas des masses aux Romains de se battre avec les Numides (Jugurtha avait pourri les armées romaines, aussi, en son temps)
DONC ! Pendant que Caius mettait la pâtée au-delà des Pyrénées, nous avions laissé Junius Brutus (commandant de la flotte) et Gaius Trebonius (gérant l'armée de terre) assiéger Marseille. Pour prendre la ville, Trebonius fait construire une grosse rampe de siège.
Attention je vous préviens dans ce livre ça va construire des trucs.
Marseille n'est pas en reste. Dans ses murs, elle a masse d'engins de siège et autres catapultes qui pilonnent les pauvres soldats romains livrés à la construction.
Pire que ça, voilà qu'arrive à l'horizon de la cité phocéenne une flotte de 16 navires de guerre, commandée par le pompéefan Lucius Nasidius ! Il vient de s'esquiver de Messine, normalement contrôlée par le césariste Curio (dont on reparlera) avec un petit navire bonus ! Du coup, en loucedé, Nasidius envoie un message à Marseille et au Pompéien qui la contrôle, Domitius : "Mec, je débarque avec ma flotte, tu engagerais un petit combat naval avec la flotte de Brutus que ce serait tiptop."
Et l'armada marseillaise semble bien gérer la bataille, d'ailleurs ! Les Marseillais, gonflés à bloc après avoir vu leurs popas et momans pleurer, manœuvrent leurs navires avec brio ; quant aux catapultes des navires phocéens, quand elles vous visent, ça fait pas du bien.
Le navire du commandant Brutus est repéré par deux bâtiments marseillais, qui foncent l'éperonner tels deux défenseurs de l'OM prêts à tacler un buteur de la Juve...
Mais Brutus l'a vu. Il fait accélérer le navire...
"Même pas peur", fait Brutus, car il a bien préparé sa flotte à l'avance, et après un petit speech pour motiver les troupes, il monte à bord.... Et c'est la bataille navale !! Que va-t-il se passer ? César, vas-tu nous le raconter ? Non, César, car tu vas d'abord consacrer un paragraphe à nous décrire les états d'âme des Marseillais, vieillards et enfants éplorés, suppliant les dieux, tout ça ; car tout le monde le sait, l'affirme, cette bataille est DÉ-CI-SIVE.
Marseille, vous vous en souvenez, s'est pris une raclée navale dans le livre I. Qu'à cela ne tienne : les Marseillais recyclent de vieux navires, raclent les tréfonds de leur marina en quête de bateaux de pêche, y mettent des catapultes et embarquent pour la bataille. Les hommes montent confiants à bord, sous les yeux de leurs épouses, vieillards et filles les implorant de délivrer la cité. Lecteurices, écrasons une larme. Les flottes de Marseille et de Nasidius se rejoignent pour la baston.
... comment il fait, je sais pas, mais je suppose que ça implique de crever deux ou trois rameurs à la tâche...
... et il file entre les éperons des Marseillais, qui du coup se heurtent, chavirent et se font couler par les Romains. Ballot.
Les hommes de Nasidius, voyant le combat, font : "Hmmm... c'est pas notre ville qu'on défend, hein ? Et si on restait là à faire du rien ? Puis si on fuyait, pour finir ?" Tant et si bien que Brutus finit par l'emporter, détruisant la flotte marseillaise.
Il ne reste qu'un pauvre bateau, qui se traîne lamentablement vers Marseille pour annoncer la défaite. Autant dire que c'est pas trop la nouba dans les rues de Marseille ce soir-là. Cependant, les assiégeants césaristes galèrent toujours à prendre la ville si bien armée de catapultes. Alors, ils construisent un truc. Et quel truc. Un truc si truquement truqué que César nous le décrit pendant 2 pages.
La lectrice va vous faire un aveu, ami.e.s mastodontes. Elle a lu ces 2 pages. Plusieurs fois.
C'est, euh... une tour ? en briques ? avec des étages ? et une... galerie ? et un toit en pente ? Même la traductrice britannique de l'édition que je lis avoue en note qu'on pige rien au latin de ce passage.
Bref, les césaristes construisent une, euh, CHOSE et la collent à une des tours ennemies. Alerte rouge chez les Marseillais, qui balancent des pierres et des tonneaux de poix enflammés sur le machin. Mais tout roule sur le toit de l'indescriptible objet !
Échappant ainsi aux projectiles, les soldats romains descellent des pierres de la tour ennemie et la font s'effondrer en partie.
Panique à Marseille.
Une partie de la population court supplier les officiers romains d'au moins attendre l'arrivée de César ! Entretemps, on fait la paix ! Et ce avec discours pathétiques de haute volée (César se fendant d'une remarque caustique sur le talent oratoire des Marseillais).
"OK dac", font les officiers romains, et ils laissent la tour à moitié cassée.
Cessez-le-feu, donc. D'ailleurs, César (en route depuis l'Espagne) vient d'envoyer une lettre pour interdire à Trebonius de trooop casser Marseille.
Cependant, les Marseillais préparaient une perfide et fourbe traîtrise : en plein midi (l'heure de la sieste) ils attaquent par surprise et mettent le feu au truc en briques !
"OH NON ! gémissent les Romains ! Notre indicible abomination de briques !"
Ils repoussent cependant les attaquants dans leurs murs. Mais le lendemain, rebelote !
Les Romains sont ronchons. Ils avaient bossé à leur truc en briques. On sent César triste pour eux.
Trebonius leur chef se dit : "Qu'à cela ne tienne, on va REconstruire un truc." Et ils reconstruisent un truc, une espèce de (j'ai toujours pas compris) rampe ? avec deux murs ? des roseaux ? gné ?
Si bien qu'un beau jour, les Marseillais voient sous leurs murs une nouvelle indescriptibilité. Tant de fourberies, de manipulations... pour rien !
Marcus Varro, général : "Je suis proche de Pompée. Mais César m'aime bien. Je ferais bien de ne pas choisir mon camp." *Une lettre clamant que César est dans la mouise plus tard* Marcus Varro : "En mon âme et conscience j'ai choisi le glorieux camp du Grand Pompée."
Marcus Varro, donc, réunit et renforce son armée, réquisitionne du ravitaillement et de l'argent, et "punit" les cités proches de César en y faisant loger ses troupes. Et il bave sur César en public.
"César est en Espagne maintenant, s'avise un jour Marcus Varro pendant que se déroulaient les événements du livre I. Nouveau plan : je vais à Cadix avec mon armée, Cadix où j'ai placé mon fidèle Gallonius. C'est une île, j'aurai de la bouffe, j'aurai des troupes, j'aurai des bateaux, rien ne peut mal se passer." Spoiler : ça se passa mal.
César, cependant, se rendant compte que l'Espagne kiffait Pompée, convoqua les citoyens romains d'Espagne à Cordoue. Et par un retournement peu explicable...
... Cordoue décide de fermer ses portes à Marcus Varro et de lui botter le cul s'il essaye d'entrer ! "Mazette, fait Marcus Varro, dépêchons-nous d'aller à Cadix ! Tiens ? Une lettre m'arrive de Cadix ?" Lettre : "Bonjour Marcus Varro, nous sommes les Gaditans, c'est les habitants de Cadix. C'est pour te dire qu'on a flanqué ton fidèle Gallonius à la porte et qu'on kiffe César. Le bonjour chez toi." Une légion de Varro : "Hey, boss, on a décidé de déserter. Désolés pour le dérangement. Bisous."
"Dictateur", c'est très officiellement une magistrature romaine : on nomme un type pour 6 mois afin de régler un problème précis, comme gérer une guerre qui va très mal. C'est limité, temporaire, et super contrôlé. (Si j'ai le temps de faire une section "ce qu'ils sont devenus" après ce thread, je vous raconterai comment César a, dirons-nous, transformé cette magistrature.)
*Cependant, à Marseille* Domitius : "Les Marseillais vont se rendre ! Courage : fuyons !" Et il se tire avec 3 bateaux.
Marcus Varro : "Bon si c'est comme ça je vais à Italica !" Italica : "On te ferme nos portes." Marcus Varro : "Bon si c'est comme ça je me rends à César, j'ai toujours admiré la glorieuse épopée du vaillant César !"
L'Espagne est purgée des Pompéiens pour le moment. César fait quelques apparitions publiques où il remercie tous ses fans et promet plein de cadeaux à ses supporters, puis part pour Marseille.
Entretemps, il apprend qu'à Rome (vidée de ses opposants) on l'a nommé dictateur. Sweet.
C'est en Afrique du nord que nous allons rencontrer le vrai héros de ce livre II où César fait finalement très peu de choses. CAIUS SCRIBONIUS CURIO. On a vu Curio, déjà. Au livre I, il avait pris une ville, Iguvium, et une province, la Sardaigne, juste en se pointant à leurs portes.
Sa mission, cette fois : contrôler l'Afrique, tombée aux mains du pompéephile Attius Varus.
Il débarque donc en Afrique, à Anquillaria, vous savez pas où c'est eh bien les historiens non plus, avec son armée.
Ses navires sont attaqués par des galères de Brutus mais Domitius réussit à leur filer entre les doigts. Marseille se rend, César accepte leur reddition mais précise bien que c'est parce que la ville est prestigieuse qu'il ne la fait pas piller, parce que, hein, ces Marseillais, on a vu, hein, que.
J'admire comment César réussit à insinuer pis que pendre sur ses adversaires sans avoir l'air d'y toucher. Sournois.
Mais rejoignons un nouveau théâtre des opérations : l'Afrique du Nord.