@lanodan@shaft Entre Rennes et Lannion, j'ai déjà eu besoin de descendre du train à Guingamp… pour remonter une demi-heure plus tard dans le même train qui avait juste changé de numéro.
@davidbruant@lanodan J'avais utilisé la citation dans une conf', il y a un moment, et un camarade a eu la bonne idée de vérifier. Il se trouve que cette phrase est apparemment une version assez déformée de ce que Gandhi disait vraiment, et il me semble que la formulation que lui utilisait était justement beaucoup plus claire pour aller dans ton sens :
Sure enough, it turns out there is no reliable documentary evidence for the quotation. The closest verifiable remark we have from Gandhi is this: “If we could change ourselves, the tendencies in the world would also change. As a man changes his own nature, so does the attitude of the world change towards him. … We need not wait to see what others do.”
@parleur Je me demande à quel point c'est lié aux tailles que peuvent prendre les bulles.
Je veux dire par là que, quand t'es de gauche, t'es forcément confronté à un moment ou à un autre au fait que la réalité ne fonctionne pas exactement comme tu voudrais, on en a eu un bon exemple ces dernières semaines. Tandis que quand t'es bien bien à droite, entre les algorithmes de recommandation des plateformes, les chaînes de télé de Bolloré, le fait que les trucs du style discriminations sont très faciles à ne pas remarquer quand t'es pas concerné (et qu'en plus même si tu remarques des trucs, si t'es facho t'es probablement d'accord), etc., ça doit être faisable de ne juste pas te rendre compte, et donc d'être d'autant plus retourné par le moindre truc contradictoire.
« Redistribution » peut désigner deux choses : soit partager le logiciel sous sa forme initiale, soit partager des versions modifiées du logiciel. Les deux doivent être possibles, mais les conditions peuvent différer.
La clause virale, c'est l'obligation que le code modifié soit soumis à une licence analogue à celle du logiciel de base (d'où cette appellation : la liberté se répand ici par contagion). C'est ce qui fait la différence entre la GPL, qui inclue une clause virale, et la LGPL, qui n'en inclue pas.
En revanche, si on parle d'une version non-modifiée du logiciel, alors elle est nécessairement diffusée sous les mêmes conditions que le logiciel de base, que la licence soit virale ou pas. Parce que ce n'est pas un truc qui dépend de la licence, en fait, c'est juste une application de base du droit d'auteur : que la personne qui détient ces droits t'ait autorisé certains usages ne te donne pas l'autorisation de changer toi-même les conditions de diffusion, le contrat de licence reste entre la personne qui reçoit le logiciel et celle qui l'a diffusée à la base, et en tant que redistributeur tiers tu n'as pas ton mot à dire.
Parmi les prises de positions douteuses de Stallman, on a par exemple celle sur l'accessibilité. On lui a déjà fait remarquer que la liberté d'utiliser le logiciel, c'est bien joli, mais que s'il est juste inutilisable parce que pas accessible (par exemple, si ça nécessite d'y voir, les personnes malvoyantes vont avoir du mal), ça ne libère pas grand chose, de fait. Il s'est contenté de répondre que pour lui l'accessibilité était une fonctionnalité ni plus, ni moins importante que les autres (en clair, il n'est pas concerné, donc ce n'est pas son problème).
Ce n'est pas le seul exemple du style qui me vienne en tête, le gus est aussi connu pour des attaques que les gens qui ne supportent pas les critiques contre le NFP aujourd'hui qualifieraient de « contre son camp », mais je ne vais pas m'étendre sur le sujet pour l'instant. Si jamais, j'avais fait un article là-dessus il y a longtemps aussi mais un peu moins que le précédent :
Et dans un autre registre, il y a des choses franchement gênantes aussi comme le fait qu'il ait publiquement pris la défense d'un copain à lui impliqué dans une affaire de prostitution de mineurs. Suite au scandale que ça a provoqué, il a quand même été viré de son poste au CA de la Free Software Foundation… avant d'annoncer lui-même deux ans plus tard qu'il y était réintégré, d'ailleurs par surprise (une partie des employés de la FSF n'étaient même pas au courant et on démissionné en conséquence).
En réaction, plusieurs projets importants du mouvement du logiciel libre, comme Debian ou Fedora, ont décidé de cesser publiquement tout soutien à la FSF, et sa présence continue de générer des tensions actuellement, même si en pratique son potentiel de nuisance a diminué parce que la plupart des gens ne l'écoutent plus.
Donc voilà, tout ça pour rappeler qu'avoir personnellement créé un truc intéressant et qui a de bons résultats ne doit pas être un totem d'immunité pour ce qu'on fait d'autre par ailleurs. Si le logiciel libre existe et continue de progresser aujourd'hui, c'est en pratique plutôt malgré Stallman que grâce à lui, quelle que soit l'importance qu'il ait eu historiquement.
La vénération d'un homme providentiel dont on aurait besoin de la sagesse, c'est une caractéristique du camp d'en face, à la base, donc ça pourrait être intéressant qu'on ne sombre pas dans ce travers. On peut être reconnaissant aux gens qui nous ont permis d'être là aujourd'hui, et pourtant trouver que, maintenant, ils feraient mieux de la fermer et laisser les autres gérer.
♪♫ Il n'est pas de sauveur suprême, ni dieu, ni césar ni tribun !
Richard Matthew Stallman est un informaticien américain. En 1983, il a eu un souci avec son imprimante, qui ne fonctionnait pas comme prévu. Étant informaticien, il s'est dit qu'il allait corriger ça. Sauf que quand il a essayé d'aller bidouiller le programme qui faisait tourner ladite imprimante… il s'est rendu compte qu'il n'avait pas le code du programme en question. Son imprimante était une « boîte noire », sans possibilité de mettre les mains dedans.
Et là il s'est dit que c'était un grave problème, parce que si on te file des outils informatique sans la possibilité d'aller les modifier, en fait on ne te les file pas. Tu n'obtiens pas tes outils informatiques à toi, seulement un droit d'accès aux outils informatiques de quelqu'un d'autre.
Du coup, il a décidé qu'il fallait faire quelque chose. Et il a lancé le mouvement du logiciel libre. C'est lui qui a proposé cette manière d'appeler ça comme ça, avec une définition en quatre points. Un logiciel est libre quand, quand vous le recevez, vous avez droit de : – L'utiliser, sans restriction. La loi peut vous empêcher certains usages, mais pas la personne qui met le logiciel a disposition ; – L'étudier. Si le programme fait quelque chose, vous devez pouvoir savoir quoi. Déjà, ça permet aux gens qui s'y connaissent de vérifier qu'il fait bien ce qu'il dit, et puis ça permet aux autres d'avoir de quoi apprendre pour s'y connaître aussi. – Le modifier. Si jamais le programme ne fait pas tout à fait ce qu'il devrait, ou si vous avez une idée pour que ça marche mieux, vous devez pouvoir le faire. Ou demander à quelqu'un de le faire pour vous, si vous ne savez pas. – Le partager. L'informatique, ça permet de copier des choses super facilement, alors une fois que vous avez un programme entre les mains, que vous l'ayez modifié ou pas, il n'y a juste pas de raison de vous empêcher de le passer à d'autres gens aussi.
Et il ne s'est pas contenté de lancer une définition théorique. Il a réuni un petit groupe de gens autour de lui, des informaticiens, mais aussi des juristes, et ensemble ils ont écrit des licences de logiciel libre, fondé la Free Software Foundation, et lancé un grand projet, appelé projet GNU, pour permettre de faire tourner l'informatique uniquement à base de logiciel libre, pour que nos outils nous appartiennent vraiment, et pour que ce qu'on fait en informatique fasse partie du patrimoine de l'humanité, et pas du bénéfice exclusif de quelques personnes.
Évidemment, y a eu des hauts et des bas, entre 1983 et maintenant, l'informatique a pas mal changé. Mais le projet GNU a effectivement été le terreau qui a permis à plein d'autres trucs de pousser.
Ça ne se voit pas forcément sur l'informatique personnelle, qui est dominée par Windows, Android et iOS/MacOS, qui ne sont pas libres. Mais par exemple, à peu près toute l'architecture d'Internet fonctionne essentiellement avec du logiciel libre. Et en fait, quand on regarde sous le capot, même dans Windows, Android et iOS/MacOS, il y a une grosse partie de code qui vient de logiciel libre (Android utilise par exemple le noyau Linux).
Évidemment, faire tourner Alphabet/Google, ce n'était pas le contrat de base, ça montre que ce qu'ils ont fait n'était pas parfaits. Mais dans les exemples de logiciels libres sympa, on a par exemple Mastodon et Pleroma, grâce auxquels vous lisez ce message, et les autres outils du Fédivers (PeerTube, Pixelfed, Castopod, etc). On peut vraiment dire que, sans Richard Stallman, l'informatique aujourd'hui aurait une toute autre tronche, et serait sacrément moins fun.
Et soit dit en passant, ça ne se limite même pas aux programmes informatiques, en fait, parce que le mouvement du logiciel libre a aussi inspiré ailleurs, et redonné une nouvelle dynamique au mouvement plus ancien des biens communs.
Les licences Creative Commons (et Art Libre) sont directement inspirées des licences de logiciel libre. Si vous pouvez aller apprendre des choses fascinantes sur Wikipédia, écouter de la très chouette musique sur Dogmazic, récupérer une très grosse partie du catalogue de Skeptikon… c'est, plus ou moins indirectement, grâce à Richard Stallman.
Mais j'ai bien dit, au début, que je voulais vous parler de Richard Stallman, et pas du logiciel libre. Et Richard Stallman, c'est quelqu'un qui est réputé pour être assez pénible à vivre au quotidien, et qui, surtout, cumule un bon paquet de prises de positions publiques qu'on va pudiquement qualifier de « assez douteuses ».
Par exemple, il est connu pour pas mal de dérapages sexistes assumés, qui avaient notamment été épinglés dans le grand article de Mar_Lard sur le sexisme général chez les geeks (le site n'a hélas plus l'air de fonctionner, mais je vous mets le lien vers la Wayback Machine parce que même onze ans après, l'article reste important à (re)lire)