Du coup, il a décidé qu'il fallait faire quelque chose. Et il a lancé le mouvement du logiciel libre. C'est lui qui a proposé cette manière d'appeler ça comme ça, avec une définition en quatre points. Un logiciel est libre quand, quand vous le recevez, vous avez droit de : – L'utiliser, sans restriction. La loi peut vous empêcher certains usages, mais pas la personne qui met le logiciel a disposition ; – L'étudier. Si le programme fait quelque chose, vous devez pouvoir savoir quoi. Déjà, ça permet aux gens qui s'y connaissent de vérifier qu'il fait bien ce qu'il dit, et puis ça permet aux autres d'avoir de quoi apprendre pour s'y connaître aussi. – Le modifier. Si jamais le programme ne fait pas tout à fait ce qu'il devrait, ou si vous avez une idée pour que ça marche mieux, vous devez pouvoir le faire. Ou demander à quelqu'un de le faire pour vous, si vous ne savez pas. – Le partager. L'informatique, ça permet de copier des choses super facilement, alors une fois que vous avez un programme entre les mains, que vous l'ayez modifié ou pas, il n'y a juste pas de raison de vous empêcher de le passer à d'autres gens aussi.
Et il ne s'est pas contenté de lancer une définition théorique. Il a réuni un petit groupe de gens autour de lui, des informaticiens, mais aussi des juristes, et ensemble ils ont écrit des licences de logiciel libre, fondé la Free Software Foundation, et lancé un grand projet, appelé projet GNU, pour permettre de faire tourner l'informatique uniquement à base de logiciel libre, pour que nos outils nous appartiennent vraiment, et pour que ce qu'on fait en informatique fasse partie du patrimoine de l'humanité, et pas du bénéfice exclusif de quelques personnes.
Évidemment, y a eu des hauts et des bas, entre 1983 et maintenant, l'informatique a pas mal changé. Mais le projet GNU a effectivement été le terreau qui a permis à plein d'autres trucs de pousser.
Ça ne se voit pas forcément sur l'informatique personnelle, qui est dominée par Windows, Android et iOS/MacOS, qui ne sont pas libres. Mais par exemple, à peu près toute l'architecture d'Internet fonctionne essentiellement avec du logiciel libre. Et en fait, quand on regarde sous le capot, même dans Windows, Android et iOS/MacOS, il y a une grosse partie de code qui vient de logiciel libre (Android utilise par exemple le noyau Linux).
Évidemment, faire tourner Alphabet/Google, ce n'était pas le contrat de base, ça montre que ce qu'ils ont fait n'était pas parfaits. Mais dans les exemples de logiciels libres sympa, on a par exemple Mastodon et Pleroma, grâce auxquels vous lisez ce message, et les autres outils du Fédivers (PeerTube, Pixelfed, Castopod, etc). On peut vraiment dire que, sans Richard Stallman, l'informatique aujourd'hui aurait une toute autre tronche, et serait sacrément moins fun.
Et soit dit en passant, ça ne se limite même pas aux programmes informatiques, en fait, parce que le mouvement du logiciel libre a aussi inspiré ailleurs, et redonné une nouvelle dynamique au mouvement plus ancien des biens communs.
Les licences Creative Commons (et Art Libre) sont directement inspirées des licences de logiciel libre. Si vous pouvez aller apprendre des choses fascinantes sur Wikipédia, écouter de la très chouette musique sur Dogmazic, récupérer une très grosse partie du catalogue de Skeptikon… c'est, plus ou moins indirectement, grâce à Richard Stallman.
Mais j'ai bien dit, au début, que je voulais vous parler de Richard Stallman, et pas du logiciel libre. Et Richard Stallman, c'est quelqu'un qui est réputé pour être assez pénible à vivre au quotidien, et qui, surtout, cumule un bon paquet de prises de positions publiques qu'on va pudiquement qualifier de « assez douteuses ».
Par exemple, il est connu pour pas mal de dérapages sexistes assumés, qui avaient notamment été épinglés dans le grand article de Mar_Lard sur le sexisme général chez les geeks (le site n'a hélas plus l'air de fonctionner, mais je vous mets le lien vers la Wayback Machine parce que même onze ans après, l'article reste important à (re)lire)
@lanodan@quentind@vv221 Et on peut tenir le même raisonnement pour tous les autres points dont l'effet sur les émissions réelles de CO₂ est majoritairement indirect (consommation de viande, électroménager…)
Évidemment, ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, à titre individuel, faire d'efforts sur ces points-là aussi. Quand on veut faire bouger les choses, et pour le coup c'est *vital* de les faire bouger, on fait ce qu'on peut selon les moyens à dispositions. C'est un peu comme le vote : utiliser ce que le système en place nous laisse comme moyens d'actions reste plus efficace que de ne rien faire.
Mais il ne faut pas s'arrêter à ça non plus, et il est important de rappeler que la réponse ne peut être que collective, y compris au niveau d'une bonne partie de ce qui est désigné comme « gestes individuels ». Nous formons une société, arrêtons de dépolitiser la politique.
@vv221@lanodan@quentind Ça remet déjà en cause cette notion de « geste individuel » ; mais s'arrêter là est encore manquer une partie du problème. Pourquoi est-ce que cesser de prendre collectivement l'avion conduit à baisser le nombre d'avions en circulations et donc leurs émissions ? Parce que les compagnies aériennes ne vont mettre les vols en place que s'ils sont rentables.
Mettre ça en avant comme une action « individuelle », c'est donc par définition adopter un point de vue libéral : la loi de l'offre et de la demande y est implicitement le seul levier d'action. Levier qui est plutôt inefficace, parce que même en supposant une adoption très majoritaire de ces « gestes individuels », entre le moment où les gens décident d'arrêter d'acheter des billets d'avion et le moment où les compagnies décident d'arrêter de prévoir des vols en conséquence, beh il y a un bon paquet d'avions qui ont eu le temps de décoller, avec tout ce que ça implique niveau émission.
Présenter ça comme un geste « individuel », c'est occulter le fait qu'il serait beaucoup plus efficace d'intervenir au niveau collectif, par exemple avec un État qui intervient pour réguler immédiatement l'aviation en limitant drastiquement le nombre de vols autorisés.
@vv221@quentind@lanodan Soit dit en passant, il serait intéressant aussi de questionner la désignation de « gestes individuels », la façon dont elle joue, et ce que ça implique idéologiquement parlant.
Prenons le cas évident de l'avion : si une personne ne monte pas dedans, il part quand même. Le bilan carbone personnel de cette personne baisse donc peut-être sur le papier, mais en pratique, il n'y a absolument aucune différence sur le taux de CO₂ réellement émis.
Pour que ce « geste individuel » de ne pas prendre l'avion ait un réel effet, en vrai, il faut qu'on soit suffisamment nombreux à ne pas monter dedans pour que finalement il ne parte pas. Par essence, ça ne peut être qu'une action collective, et absolument pas un geste « individuel ». Ce qui compte réellement, qui a un effet mesurable, n'est pas de ne pas prendre l'avion individuellement, mais de convaincre son entourage de ne pas le prendre non plus.
@vv221 Il y a sans doute la quantité de propositions qui joue, mais en théorie, 100% d'erreurs est un résultat assez remarquable, dans la mesure où, en répondant purement au hasard, on est censé tomber juste en moyenne une fois tous les (nombre de listes) essais. Dans cette configuration, arriver à se planter systématiquement n'est pas aussi improbable qu'avoir tout le temps juste, mais ça montre quand même a priori qu'il y a autre chose que le pur hasard qui influe sur les réponses.
@vv221@ciredutempsEsme Il me semble aussi que si, c'est la combinaison de la dissolution deux ans après le début de son septennat, et le passage au quinquennat en cours de route, qui ont synchronisé le rythme des deux élections.
@HydrePrever@vv221@ciredutempsEsme Cette inversion du calendrier est d'ailleurs, à mon sens, ce qui a terminé de rendre la Ⅴème république complètement monarchique, puisque, en mettant l'élection du parlement juste après celle l'autre, de fait elle devient une confirmation de l'élection précédente en donnant au président une majorité de gens qui vont voter selon ses consignes.
Il aura fallu que Macron se fasse autant détester et que la gauche arrive à commencer à s'unir pour arriver à ce que cette majorité ne soit que relative et pas absolue, et c'était déjà un exploit compte tenu des modalités. Je pense que juste remettre ça dans l'autre sens (les législatives d'abord, les présidentielles ensuite) serait probablement parmi les trucs qui pourraient avoir le plus d'effets pour le moins de changements, en attendant qu'on change complètement de système.
« Moi aussi, » dit Gandalf, « et il en va de même pour tous ceux qui vivent en de pareils temps. Mais il ne leur appartient pas de décider. Tout ce qu’il nous appartient de décider, c’est ce que nous comptons faire du temps qui nous est imparti. »
C'est généralement un moment plutôt convivial, c'est pas désagréable à faire (si on excepte le fait que ça vous fait constater combien de vos voisin·e·s votent à droite), et surtout c'est environ la seule partie du processus électoral qui fonctionne correctement, donc autant en prendre soin.
@photos_floues@MonniauxD Je suis loin d'être expert (le seul des trois que j'utilise, c'est GIMP, et je suis loin d'en avoir une utilisation avancée), mais c'est typiquement un cas où « better is worse if it's different ».
Peu importe les qualités réelles de l'application, quand un utilisateur avancé d'un logiciel en essaye un autre, le simple fait que tous ses réflexes soient perturbés lui rend l'usage du truc beaucoup plus complexe. C'est ce qui fait que les gens qui ont une utilisation poussée de Windows ont plus de mal à migrer à GNU/Linux que les gens qui ne s'en servent que pour lancer Firefox et LibreOffice. Et les graphistes pros sont généralement des utilisateurs avancés de leurs outils habituels, d'où le fait que ça coince facilement.
Je ne retrouve plus la source là comme ça, mais je me souviens d'une interview d'un graphiste qui avait bossé toute sa vie avec des outils libres (je ne sais plus s'il était team GIMP ou team Krita, par contre), et qui disait qu'il comprenait que ses collègues râlent après les outils libres mais que du coup lui avait tendance à râler dans l'autre sens.
Ceci dit, on peut noter que Krita a été partiellement développé pour être « utilisable par @davidrevoy » ce qui doit jouer un peu :D
@PrincessConnasse@SpiceOdissey Si jamais ça peut aider, @tzitzimitl avait publié un peu avant la dernière présidentielle une vidéo qui passait pas mal de temps à analyser les prises de position de Mélenchon sur divers sujets. Sur la question de l'antisémitisme, sa conclusion était que Mélenchon a probablement des réflexes antisémites, mais qu'il est lui-même conscient que ce n'est pas compatible avec la vision du monde qu'il essaye de défendre, donc il essaye de se rattraper.
La vidéo en entier est un peu longue, mais ce passage-là commence par là :
@weck@Khrys Sans vouloir manquer de respect à qui que ce soit… Si vous pouvez photographier une personne, qu'est-ce qui vous empêche de lui demander son accord pour publier la photo ? Et si vous pouvez lui demander cet accord et qu'elle vous le donne, pourquoi faudrait-il arrêter quoi que ce soit ?
Par contre, si vous lui demandez et qu'elle refuse, oui, il faut arrêter de faire des photos de cette personne, ça me semble quelque chose d'assez élémentairement humain, sans même avoir besoin pour ça d'aller chercher du côté de la loi ou des nombreux mauvais usages possibles d'une photo.
@Krapo@fabrice@paul_denton@lord Alors, désolé, hein, mais « où est-ce qu'on s'arrête ? », ça ressemble quand même pas mal à « on ne peut plus rien dire », dans le genre ^^" Mais bon, je vais tenter d'ignorer ce point…
Une « démarche artistique », ça peut vouloir dire tout et n'importe quoi. Cf les confs gesticulées de Franck Lepage sur l'art moderne, par exemple. Ou cf un “humoriste” qui a fait monter un négationniste avec lui sur scène. Mais même si ce n'était pas le cas, peu importe, en fait.
Parce qu'au cas où tu n'aurais pas lu mon message dont c'était quand même précisément l'objet, le CW, ça sert à protéger les *gens*. Et, je ne sais pas, ça dépend sans doute de la vision du monde qu'on a, mais jusqu'à nouvel ordre, l'Art, avec toutes les majuscules qu'on peut vouloir lui donner, ne ressent rien, les gens si. L'Art peut être drastiquement restreint, il l'est d'ailleurs en fait en pratique par tout un tas de conventions sociales, ça ne sera jamais qu'une limite passagère sans conséquences, tandis que les gens ont parfois des traumas graves.
Donc désolé, mais considérer que cliquer sur un bouton pour regarder un dessin *quand ça permet de protéger des gens* est quelque chose d'inacceptable, j'ai un peu de mal à adhérer, perso. On ne parle pas de ne pas diffuser le dessin, hein, on parle juste de faire un clic de plus pour prendre en compte l'existence d'autres êtres humains.