"« Pour ces pneus, j’ai abîmé ma santé. J’ai mal aux épaules, au dos, aux mains, tellement j’ai fait de gestes répétitifs ces vingt-quatre dernières années, et voilà comment on me remercie », souffle Christophe, préparateur de commandes venu en bleu de travail comme s’il allait prendre son service. À 56 ans, il sait déjà qu’il aura du mal à retrouver un emploi. Sa femme travaille dans un Ehpad de la région, sa fille fait encore des études. Pour lui, comme pour beaucoup d’autres, il sera impossible de « suivre Michelin » et de déménager à l’autre bout du pays pour être reclassé."
Notices by Clapotis (clapotis@piaille.fr)
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Clapotis (clapotis@piaille.fr)'s status on Friday, 08-Nov-2024 05:12:43 JST Clapotis -
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Clapotis (clapotis@piaille.fr)'s status on Friday, 08-Nov-2024 05:12:40 JST Clapotis "Sous le sceau de l’anonymat, un ancien cadre de Michelin, qui a travaillé au siège social pdt plusieurs années, l’assure : « Consigne était donnée aux commerciaux de ne pas répondre aux appels d’offres pour Cholet. Ou alors on répondait a minima alors que l’usine avait vraiment les capacités de faire bcp +. Ils ont asséché l’usine et maintenant ils la ferment. Même si je suivais des consignes, j’ai l’impression d’avoir participé à la casse sociale. » Interrogé sur ce témoignage, Michelin ne pipe mot : « Le groupe ne fait pas de commentaires sur ces propos....» "
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Clapotis (clapotis@piaille.fr)'s status on Friday, 08-Nov-2024 05:12:40 JST Clapotis "L’annonce officielle a été faite aux salarié·es deux jours plus tard, le mardi 5 novembre à 9 heures du matin. Quelque 960 personnes ont été réunies dans une grande salle froide, un petit pupitre a été installé pour le directeur du site. Celui-ci, qui a longtemps travaillé dans l’usine, s’est retrouvé bien seul devant ses ancien·nes collègues pour annoncer la nouvelle. (...) La prise de parole n’a pas duré plus de 20 mn.
« On était tous debout, dans le froid, rapporte Nadia. Il a lu son texte et il est reparti dans son bureau directement. Il y a eu quelques huées, des pleurs, des gens au bord du malaise. » "
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Clapotis (clapotis@piaille.fr)'s status on Friday, 08-Nov-2024 05:12:38 JST Clapotis "Face à cette annonce brutale, les ouvriers et ouvrières ont décidé d’encaisser le coup ensemble, rejoint·es par quelques retraité·es nostalgiques. Dès mardi, peu après l’annonce, les salarié·es ont installé barnums et banderoles devant le site de Cholet. On y lit la liste des derniers plans de licenciement : « Toul 2007, La Roche-sur-Yon 2020, Poitiers 2022, Cholet, Vannes 2024… À qui le tour ? » Sur les murs, un graffiti résume : « Arrivé jeune et motivé. Largué usé et abusé. Vous nous devez plus que des discours et de la charité. » Pour se tenir chaud, le groupe a branché une cafetière et mis le feu à quelques pneus, Michelin pour la plupart."
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Clapotis (clapotis@piaille.fr)'s status on Friday, 08-Nov-2024 05:12:36 JST Clapotis "« C’est une mauvaise idée de toute façon d’accepter ces reclassements, juge Nadia. Si c’est pour aller dans une usine qui, elle aussi, va fermer dans deux ou trois ans parce qu’ils préfèrent délocaliser, ça ne sert à rien. » En 2019, l’usine Michelin de La Roche-sur-Yon (Vendée) a fermé tout aussi subitement. Plus de quatre-vingts de ses salarié·es avaient choisi Cholet comme point d’atterrissage. Ils sont désormais mis à la porte une deuxième fois en quatre ans. "
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Clapotis (clapotis@piaille.fr)'s status on Friday, 08-Nov-2024 05:12:35 JST Clapotis "Les ouvriers se souviennent encore des réunions de présentation du plan annuel. Toutes et tous l’assurent : chaque année, on les plantait devant des cartes et des graphiques en leur reprochant d’être moins « compétitifs » que les Michelin d’Italie ou de Pologne. « Ils nous disaient : il faut réduire les dépenses, il faut travailler plus, il faut être compétitifs, se souvient Michel*, qui a passé quinze ans dans l’entreprise (son père y est resté trente ans). Mais moi, je travaillais déjà au maximum. À part faire notre boulot, je ne vois pas ce qu’on pouvait faire de plus. » "
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Clapotis (clapotis@piaille.fr)'s status on Friday, 08-Nov-2024 05:12:32 JST Clapotis "En 2019, ds la ville voisine de La Roche-sur-Yon, qd Michelin a fermé son usine, elle a remercié les 619 salarié·es en leur proposant une indemnité supplémentaire plus élevée, de 40 000 euros brut minimum. « Ils nous proposent moins alors que tout coûte plus cher, souffle Michel. (...) La possibilité de la grève germe dans les esprits mais ne convainc pas la majorité des travailleurs et travailleuses pour l’heure. En attendant, les machines ne tournent plus depuis l’annonce, le site ayant donné une semaine à ses salarié·es pour « réaliser »."