Notices by 51 (cinquante_et_1@masto.bike)

[...] "On m’a transféré de la prison à l’hôpital psychiatrique d’Aminabad [sud de Téhéran]. Enchaîné au lit, j’ai refusé les médicaments jusqu’à ce qu’un médecin m’identifie après avoir cherché mon nom sur Google. Je me suis mis à genoux, le suppliant de me renvoyer en prison." Il avait subi 9 séries d’électrochocs forcés. "Après chaque séance, je ne savais plus qui j’étais. Je demandais aux gardiens mon nom et la raison de ma présence ici. Cela s’est répété neuf fois".

https://www.lemonde.fr/international/article/2024/11/15/en-iran-le-suicide-de-l-opposant-kianoush-sanjari-provoque-une-onde-de-choc-sur-les-reseaux-sociaux_6395192_3210.html?utm_source=dlvr.it&utm_medium=mastodon

Alexandria.
Qui d'entre-nous sait ce dont il s'agissait, il y a trente ans ?
2/n

"...gargantuesques, indomptables, identiques à celles d'un feu de forêt, la même fureur, la même gloutonnerie totalitaire, tant qu'elles pouvaient amenuiser, raser, faire disparaître, avant d'elles-mêmes disparaître. L'acte de nutrition à la fois les maintenait en vie et les précipitait vers leur propre extinction. Comme dans le film La Grande Bouffe : un festin qui tue."

4/n

...Qui donc a applaudi le massacre de presque l'entièreté de la littérature de l'Antiquité réunie en un seul lieu - sorte d'encyclopédie vivante de la taille d'un palace, ainsi que le voulait son premier bâtisseur, le roi d’Égypte Ptolémée Ier ?
Qui donc était le pyromane en chef ?
Peut-être Jules César, venu avec sa flotte soutenir la très jeune Cléopâtre VII dans sa lutte contre Ptolémée XIII. Peut-être l'empereur chrétien Théodose, qui ne supportait plus la vue d'écrits païens.

6/n

"La mélancolie n'est que de la ferveur retombée".
André Gide, Les Nourritures terrestres.

1/n

Peut-être le calife Omar, après avoir intimé l'ordre à son général Amr Ibn al-As de procéder à la mise à sac de la bibliothèque, sauf certains ouvrages qui finiront dans les poêles à brûler des bains publics d'Alexandrie pour maintenir chaude la température de l'eau.

Nous ignorons si c'était le jour ou la nuit, mais, en l'an 642 au plus tard, une merveille s'est effondrée."

7/n

"Nous ignorons si c'était le jour ou la nuit, si c'était l'hiver ou l'été, si c'était en l'an 47 avant notre ère, en 273 après Jésus-Christ, au IVe siècle, voire en 642, que le feu a pris dans la bibliothèque d'Alexandrie, peut-être au départ des entrepôts situés sur le port, ou dans les jardins zoologiques, ou dans l'un des promenoirs couverts, ou partout à la fois, le complexe se trouvant soudain encerclé par des flammes hautes comme des phares..."

3/n

...à la prolifération des applications, qui sont contraires à la philosophie de Tim Berners-Lee et de lui-même, puisqu'elles menottent les mobinautes à une marque en particulier, en dehors du Web ; aux langages de programmation, qui ont conduit à des horreurs syntaxiques ; au cloud, qu'il appelle ironiquement "le nuage", dans lequel on livre nos secrets en pâture alors que derrière ce nuage se tortille la queue du diable Google...

10/n

"Qui, depuis son embarcation au large d'Alexandrie ou en embuscade devant le temple de Poséidon, ou sur les hauteurs du palais royal, a contemplé le ravage, qui s'est réjoui, le visage éclairé par la lueur du brasier, de la destruction massive de dizaines de milliers de parchemins, la plupart en langue grecque, des livres du maître Aristote, des précis d'astronomie et de médecine, des ouvrages des plus grands mathématiciens, tous carbonisés en un éclair dans les alcôves où ils étaient lovés?
5/n

..."à l'impossibilité de quitter certaines plateformes - et il cite l'exemple de Skype, dont il a essayé de se retirer, en vain. "J'ai saisi la CNIL en France, qui m'a dit : "on ne peut rien, car la société Skype est implantée au Luxembourg". J'ai engagé un avocat luxembourgeois, j'ai dépensé des sous, je n'ai rien obtenu du tout."

12/n

On connaît en revanche une date précise : celle du 27 septembre 2013.

Ce jour-là, au CERN, dans le berceau du Web, Robert Cailliau, qui en est le co-inventeur avec Tim Berners-Lee, fait une ténébreuse allocution, son ultime tour de piste avant sa "retraite" et son vœu de silence auquel il n'a que très peu dérogé depuis. Et il ne fait aucun mystère de ses intention : "Je vais être assez négatif jusqu'à la fin".

8/n

"Les géants du Web sont des impérialistes qu'on distingue à peine des Etats totalitaires, qui décident de ce qui est acceptable ou non. Le Web, c'est Facebook et du commercial, rien d'autre. Je ne veux plus y aller."

[...]

14/n

"C'était l'amorce d'une litanie de griefs. Il s'en est pris à la quasi-impossibilité, pour le commun des mortels, d'éditer facilement un site Web ; aux méga-plateformes que sont Facebook ou Twitter, des services centralisés, uniques et fermés, hors du contrôle des utilisateurs, qui emmurent l'internaute alors que le Web était pensé pour être un vagabondage infini...

9/n

...(à cet instant, il projette sur l'écran un dessin représentant un nuage et la queue du diable, ce qui fait rire les quelques spectateurs) ; au triangle vicieux reliant auteur du site, lecteur et annonceur, suivant lequel ce n'est pas le lecteur qui est client, mais l'annonceur : tout est donc pensé pour ce dernier, avec un système organisé selon un contrat unilatéral, l'internaute ne pouvant que cliquer sur "J'accepte les conditions d'utilisation"...

11/n

...sur le territoire où s'étend son domaine.
L'entrée est gratuite, mais le comportement des internautes est épié, leurs papiers d'identité sont dupliqués à des fins commerciales, ils sont assaillis de brochures publicitaires et les services qu'ils recherchaient font surtout les yeux doux aux argentiers. Aucun panneau n'indique la sortie du domaine ; si par chance ils la trouvent, des douaniers leur font passer un interrogatoire pour connaître les raisons de leur exil."

16/n

..."Nous n'avons pas de cadre juridique international comme il en existe pour le transport maritime et aérien. Avec tous ces sites sociaux, c'est comme dans la Bible : l'apostasie est punissable par la mort."

Arrivé au bout de son réquisitoire, Robert Cailliau a baissé les yeux, reculé d'un pas sur son estrade, marqué un temps d'arrêt. Puis, sur un ton cette fois dépourvu du moindre sarcasme : "Moi, j'ai toujours rêvé d'une république de citoyens responsables, mais où est-elle ?"

13/n

"Suivant l'analyse impitoyable de Robert Cailliau, le Web ressuscite l'organisation féodale du Moyen-Âge. C'est une terre fertile que se partagent quelques seigneurs à la tête d'immenses domaines. Les internautes en sont les millions de vassaux. Pour profiter des services fournis dans le domaine où ils pénètrent, ils doivent signer un contrat auquel ils ne peuvent apporter aucune modification. Ils sont forcés de prêter allégeance au seigneur, même s'il ne respecte pas les lois en vigueur...
15/n

@Khrys Une rédactrice indépendante (qui n'aime pas les flans, je suis sûr) l'a utilisé pour transcrire et synthétiser une réunion de CSE. Sans le dire à ma boîte ni au client. Qui, au vu du "rendu", était furieux.

@Khrys Oui. Elle pensait sans doute augmenter sa capacité de production de OUF en margeant de OUF aussi.
Problème : l'IA, pour une réunion à plusieurs personnes, ça ne fonctionne pas bien, et il y a un travail de postproduction à faire, ne serait-ce que pour attribuer les prises de parole.
Et là, on parle d'un client très jargonneux en plus.
Et en lisant le résultat, on voyait tout de suite qu'il y avait un problème...
...mais notre "pôle relecture" n'a rien vu non plus...

@Khrys Tu ne crois pas si bien dire... Notre propre outil d'IA, encore au stade de POC malgré 1 an 1/2 de soi-disant boulot avec 1 starteuppe du CNRS, a été testé pour de la rédaction et de la relecture.
Bilan : il fait gagner du temps en rédaction... de mot-à-mot. Pour la relecture, bien entendu il est incapable de se prononcer sur le fond, donc tant que c'est écrit en français correct, tout passe... LOL.