7. Mutation
On aurait cru que du jour au lendemain tout aurait changé. Comment vivre dans les ruines et le deuil ?
Puis on s'est résignés à ce que ce soit globalement pareil, mais sans voir vraiment le jour, en respirant mal ou a travers des masques.
Peu a peu cependant, presque sans qu'on le remarque, le monde s'est transformé.
On a changé notre alimentation, on a changé nos trajets, on a changé de logement, on a changé de travail...
Même là où on est restés, sans quitter son quartier et tentant de sauver le plus gros de ses habitudes, on a changé. Les salles des fêtes ou les bars encore debout étaient ouverts tous les soirs, on y dansais, on y jouait ou applaudissait devant des spectacles improvisés. Certains respectaient même les thématiques du programme télé qui ne diffusait plus.
Des commerces inutiles étaient devenu des buanderies ou cuisines collectives, les réseaux alimentant les habitations survivantes ou réabilités étant parfois hors d'usage. Parfois des gangs les controlaient et réclamaient des contreparties à leur utilisation, la plupart libres d'accès, vivants et joyeux, parfois établis cachés de ces nouveaux tyrans avec l'électroménager que chacun avait amené.
On se rencontrais, on se mélangeait, on vivait ensemble et parfois le ciel brun, malgré les décombres et les absents nous parraissait moins terne.