J'ai pas mal réfléchi à la notion d'identité, ces derniers temps, et au fait que c'est l'état qui sanctionne notre identité ou non. La CNI a été introduite sous Vichy, et c'est une des rares lois du régime qui n'a pas été retoqué, seulement amendé, et seulement en 1955. En gros, sous Vichy, il était obligatoire d'avoir ses papiers issus de l'état pour prouver que l'on était bien un de ses sujets.
Mais alors, comment on faisait avant ?!
Pour le travail, il y avait déjà des outils de contrôle de l'identité par le papier, avec les carnets d'ouvriers. Ces carnets étaient signés par le maire et par la gendarmerie, et permettait de se faire embaucher, sinon on était un vagabond.
Ça permettait d'empêcher la création de syndicat, aussi, puisque c'est les patrons qui gardaient les carnets. (à l'époque, ça s'appelait un "délit de coalition d'ouvriers", voilà).
Mais, tout ça c'est bien joli (non), mais ça concerne le travail. Comment on faisait chez le notaire, pour voter, ou devant un tribunal ? Hébien... On jurait sur son honneur, et on fournissait deux témoins, qui devaient aussi jurer sur leur honneur que l'on était bien qui l'on disait qu'on était. Ce qui veut dire que l'on portait son identité sur soi, par sa parole d'honneur, et par la communauté autour de nous. "Je suis qui je dis être parce que je le dis, et ces deux témoins le prouvent."
En vrai, je trouve ça très fort, et je pense que si la notion d'identité personnelle revendiqué par la parole a un peu disparu dans la population générale aujourd'hui, c'est à cause du système de contrôle de l'état, qui s'est accaparé ce pouvoir. "je suis qui je suis parce que l'administration le dit", a quand même moins de poids, moins de responsabilité, vis-à-vis de mon identité, et donc de celle des autres. Ce qui fait que la fluidité que pouvait permettre son auto-definition de soi a disparu dans la rigidité d'un système étatique uniquement destiné à contrôler les gens. Parce qu'au final, la CNI n'a pas pour but de définir qui l'on est, mais pour faciliter le travail de la police. Cependant elle définit quand même de facto qui l'état estime que l'on est.
Ce qui fait que notre "identité" n'est reconnue que via un outil de contrôle policier.
Ce qui nous permet de voter, prendre une carte de bus, avoir une sécu, travailler, voyager, etc. est issu d'une logique de facilitation répressive.
Sauf... Dans la communauté LGBTQIA+. Enfin, pas que, mais surtout. C'est un des très rares endroits où l'on peut dire qui l'on est *malgré* notre CNI, et être cru, être soutenu, et pouvoir avoir des témoins de cette identité. Revenir à "je suis qui je suis parce que je le dis".
Bref, je suis désolé, c'est un peu confus, c'est des questionnements qui sont en plein turbinage en ce moment, et qui ont sans doute déjà été réfléchis par des gens beaucoup plus intelligents que moi, mais je fais mon petit bonhomme de chemin.