Puisque c'est l'anniversaire du droit de vote des femmes en France, plutôt que de maudire les élections (ce qu'on peut faire aussi), je vous propose plutôt quelques pistes de réflexion sur l'Histoire:
- En France, malgré des organisations féministes qui ont milité pour le droit de vote tout au long du début du XXe siècle (et avant), le droit de vote des femmes n'a jamais été populaire avant 1944, même au jour de son adoption. La presse de droite à gauche a été particulièrement répugnante, y compris lors de la mise en place du droit de vote. Ce qui montre l'emprise patriarcale de la République Française, de droite à gauche, y compris en 1944.
- Ce combat ne peut pas être séparé des combats féministes internationaux, non seulement pour le droit de vote, mais aussi pour la participation politique des femmes dans toutes les strates décisionnaires la société (travail, justice, administrations, foyer...)
- La gauche a longtemps évité le sujet de manière particulièrement misogyne, en arguant par exemple en 1936, qu'autoriser les femmes à voter risquerait... de faire basculer le pays à droite car "les femmes sont influencées par les curés" (pas de sociologues ni de commissions féministes dans les partis à l'époque, ouch).
- L'enjeu de l'extension du droit de vote en dehors de la métropole, par exemple pour les algériennes "autochtones", a été le sujet de vifs débats. Il n'est autorisé qu'en 1958 car les gaullistes... espèrent encore garder l'Algérie et que l'autorisation du vote des femmes fera basculer l'opinion en faveur de l'Algérie française. (Spoiler : ça a bof marché).
- Les femmes gagnent le droit de vote par leur implication large dans la résistance française, les débats ont lieu en pleine guerre. Les premières élues sont ainsi souvent des antifascistes, membres du PCF et trotskistes. Bien qu'elles soient parfois moins considérées comme des individues que des "femmes de résistants"... On voit que c'est dans l'action et l'opposition à l'extrême-droite que le droit des femmes se structure. C'est le sens de l'instauration du droit de vote des femmes, qui est une des nombreuses mesures de revitalisation immédiate de la démocratie après le fascisme.
- L'idée d'un vote "sans distinction de genre" est toujours aujourd'hui un minimum démocratique, qui permet non seulement la protection du vote des femmes mais aussi de toutes les minorités de genre. Le retour d'un suffrage sur des termes discriminants n'est pas à exclure dans les processus de fascisation qui ne sont pas favorables aux femmes. Loin de se limiter à la question électorale, le sujet est évidemment à relier aux questions des droits des femmes et humains en général, et à la démocratie.