5 – Demain
Demain est un autre jour. On se plait à me le répéter à l’envi. À l’écœurement. Pour eux, c’est une rassurante évidence. Mais pour moi, quel sens ça peut avoir ?
Pour moi, demain est toujours un autre jour de souffrance, coincé dans ce lit d’hôpital, prisonnier de ce corps inutile.
Ils ont bien tout essayé, jusqu’à se servir de moi comme cobaye pour une nouvelle interface neurale. Une révolution. Le représentant de la firme m’avait promis que si la greffe fonctionnait, je pourrais contrôler les appareils autour de moi. Retrouver une forme d’autonomie, m’a-t-il dit avec son sourire en plastique. Il a même ajouté, tout bas, quand personne ne pouvait entendre : « Et puis, dans l’état où vous êtes, ça ne peut qu’être un plus. »
La greffe a marché. Je peux contrôler les appareils de la pièce. Comme, par exemple, le respirateur artificiel.
Demain ne sera plus un autre jour pour moi.