3 – Calendrier
Comme tous les jours depuis… Il n’en avait plus aucune idée. Mais, comme chaque matin, il alla cocher la case du jour sur le calendrier accroché au mur. Comme chaque jour, avant de tracer le trait d’encre, il avait longuement observé le grain, la pulpe du papier à la recherche d’une trace, un fantôme du passé. Rien, la surface ne portait aucune cicatrice des précédentes itérations.
Il reposa le feutre et s’assit sur la paillasse qui faisait face au calendrier, seule concession à la nudité des murs de sa cellule. Dans cette prison particulière, chaque jour était le même. Littéralement. Il ne pouvait savoir depuis combien d’années il purgeait sa peine. Et il n’y parviendrait jamais. Le temps ne s’écoule pas ici, il bégaye.
Demain, après cette journée inutile, il fera à nouveau le même trait de feutre sur la même case de ce calendrier perpétuel.