16 – Gamelle
En faisant bien attention de ne pas attirer l’attention, je surveille le temple. L’offrande ne va pas tarder. Le serviteur dépose enfin au sol l’oblation. J’approche d’un pas mesuré, refrénant en moi l’excitation que je ressens. Surtout ne pas courir, ce serait incident.
J’approche le récipient contenant la libation du jour. Je renifle lentement, intensément, me gavant des odeurs mélangées de la nourriture sacrée. J’en ai l’eau à la bouche.
Mais c’est trop tôt !
Comme il convient, je témoigne mon assentiment d’un simple cri court. Puis, comme le veut la tradition millénaire, je tourne le dos au bol et je donne deux, trois coups de patte au sol, mimant mon désintérêt feint et dédaigneux, sous-entendant que l’offrante n’est pas digne. Puis je m’éloigne.
Dans un temps futur, opportun, quand le serviteur ne sera plus dans les parages, je reviendrai et profiterai de l’offrande comme il se doit.
En attendant, je vais faire la sieste.