Mes amis sont bien tolérants. Un exemple parmi d'autres : il y a quelques temps, à une soirée chez des amis, alors qu'il y avait plein de gens, de musique et de brouhaha, je me suis tournée vers la maîtresse de maison, prof de français de son état, et je lui ai demandé sans préavis et à brûle-pourpoint : "Que reste-t-il du Nouveau roman ?" Hé bien elle ne m'a même pas ri au nez, et tout en me répondant elle a tiré d'une de ses étagères Le Cheval, de Claude Simon, pour me le prêter. J'ignorais jusqu'au nom de ce pourtant Prix Nobel de littérature ! Pour l'instant j'aime bien.
"Tu devrais te lever et y aller. - De la merde, dit-il." Ca c'est une expression passée de mode, que je n'ai jamais entendue que dans la bouche de mon regretté père, en général adressée à personne en particulier.
"- Est-ce que tu crois que le cheval a lu quelque part qu'il allait mourir ? - Non, dis-je. La censure interdit les prévisions météorologiques."
"les passions, les éternelles, atridesques et sauvages passions" "babelesques criailleries" "une horrible et goyesque vieille" "la liliale princesse" 'l'amer et cassandresque ricanement de ses longues dents découvertes" #motdujour
Quelques citations tirées de Le Cheval de Claude Simon :
"J'essayai de retrouver le début du Sixième Brandebourgeois, cette espèce d'explosion baroque, nasillarde, cette chose caustique où de gras barons allemands aux perruques Louis XIV semblent dialoguer, argumenter, tonitruants, aigres, moqueurs, inspirés, à travers une sorte d'architecture mathématique tellement précise que la joie éclate, se développe, se déchaîne selon les lois de cette algèbre mystérieuse qui préside à l'organisation des bourgeons, des conques marines et des cristaux."
"- Le soldat français fonctionne au gros rouge, dit Maurice. Ca l'habitue à la vue du sang. C'est dans le manuel du gradé. - Oui, dis-je. Et même on ne désespère pas qu'en se perfectionnant il finisse par boire véritablement le sang de ses ennemis et les manger. Ca simplifierait les questions d'intendances."
(Oui je parle spontanément bizarre. Un jour on m'a présenté un gars et la première chose que je lui ai dite fut "Tu as une complexion lactescente." Parce que c'était vrai. Bien tolérants, vous dis-je.)
Faire une touche, argot, utilisé comme je dirais "avoir une touche". Je découvre que l'expression est une métaphore de pêcheur. https://www.cnrtl.fr/definition/touche