Dans la plupart des discussions sur Reddit où il est fait mention de la fuite de Twitter par les anti-Musk/anti-Trump vers de plus vertes contrées, on voit tourner l’argument selon lequel ça serait une mauvaise chose parce que les gens qui quittent Twitter se précipiteraient vers des “echo chambers”, des “information bubbles”. Est-ce que ça serait pas plutôt la peur par les twittos d’extrême-droite de se retrouver seuls dans leur bulle sur Twitter, sans gauchistes (ou centriste mou) à aller troller ? Pour eux l’idéal c’est d’avoir une audience à qui montrer leur merde, et se retrouver entre eux ça n’a pas l’air de les attirer.
l’extrême-droite qui se pavane sur Twitter ça pousse les gens à partir ; ça fait se rendre compte à l’extrême-droite que c’était pas Twitter en soi qui nous faisait apprécier le réseau, mais bien les autres gens ; les gens sont (un petit peu) moins captifs que l’extrême droite ne le pensait ; leur héros Musk leur avait donné une aire de jeu où ils pouvaient imposer leur point de vue, ça a sans doute été déterminant dans la victoire de Trump, mais c’était sans doute le dernier coup à jouer avec Twitter ; maintenant le réseau va se nécroser et l’extrême-droite pourrait tenter d’aller dominer d’autres plateformes pour 1/ faire chier les gauchistes (première motivation) 2/ se sentir moins seuls (ils ne se l’avoueront jamais)
Nonobstant, Twitter Delenda Est, et toute fuite de ses utilisateurices de bonne volonté est une bonne nouvelle. Ne tombez pas dans l’espèce de chantage à la bulle de filtre, ça a toujours été un argument d’extrême droite pour te mettre leur merde sous le nez.
(En même temps si vous me lisez ici même, il y a de grandes chances que vous ne soyez pas tombé·es dans le piège)
@joachim hot-take : le concept d'echo chambre a été développé par des chercheureuses qui ne conçoivent la politique que comme un agrégat d'opinion qui devrait converger vers un compromis - le leur - le centre. Un petit peu de droite, un petit peu de gauche et hop, on se forme un bon opinion équilibré centriste, vaguement progressiste, franchement libéral. Ce serait quand même dommage de pas entendre les fachos nous hurler leurs horreurs, on risque de ne pas pouvoir *se faire notre propre avis*.
@julienfalgas > Le pluralisme des médias est nécessaire au débat public.
On est bien d’accord, mais la stratégie du cordon sanitaire mise en place en Wallonie est un très bon garde-fou pour éviter le pourrissement par l’extrême-droite. Le pluralisme est nécessaire dans une société équilibrée, mais l’extrême-droite n’a pas sa place dans le débat.
Pour le reste de ta réflection, en effet la question se pose, je sais pas si le format microblogging lui-même a été étudié comme facteur dans l’évolution (et la droitisation) du débat public
Le pluralisme des médias est nécessaire au débat public. Comme les autres plateformes qui se cachent derrière l'argument d'une prétendue neutralité de la technique, X n'est pas une infrastructure de l'espace public, c'est un média.
Quand bien même Twitter aurait été un repère de personnes recommandables, il n'aurait pas été sain qu'il reste hégémonique comme média d'expression par micro-publications.
Peu lisent la presse de tout bord. Pourtant, tant qu'elle n'était pas au main de milliardaires aux intérêts convergents, le débat d'idées fonctionnait pas trop mal.
La vraie question: faut-il conserver le format de microblogging hérité de Twitter ?
@photodouze j’ai pas testé ce script en particulier, mais je l’ai vu passer plusieurs fois. De toute façon à l’export, le paquet de Twitter contient une petite app web locale qui te permet de consulter et chercher dans ton archive :)
Et le fait que s'ils s'inscrivent tous sur certaines instances qui les acceptent, ces instances seront bannies par les gens raisonnables et ils retrouveront leur bulle.
Ah bah voilà, @Lucieronfaut l’exposait mieux que moi en juillet dernier, et @parkermolloy dit en gros que pour les personnes marginalisées, la “bulle de filtre” n’existe pas, de par leur existence même ces personnes sont extrèmement exposées aux discours du camp d’en face
"Sur le réseau social [Twitter], on cherche avant tout la petite phrase, on souhaite se faire valoir devant un public, on interpelle violemment des personnalités. La forme l'emporte définitivement sur le fond et les spécificités techniques de la plateforme ont fait naître un environnement d'échange à la fois simpliste, conflictuel et moralisateur"
En 2017, dans "Le désenchantement de l’internet. Rumeur, propagande et désinformation" Romain Badouard écrivait déjà (p.142) :
Les géants de la Silicon Valley ont acquis un pouvoir énorme à travers les technologies qu'ils développent, celui de produire de nouvelles normes sociales. Twitter par exemple a créé son propre format de discussion avec sa limite des 140 caractères, ses hashtags et ses arobases. Les contraintes d'utilisation ont engendré de nouvelles habitudes qui se sont peu à peu transformées en coutumes.
« Le désir de ne pas avoir de chambre d’écho est donc motivé non pas par une volonté d’entendre de nouvelles idées, mais plutôt pour créer la structure qui permet des débats masturbatoires sans fin. »