"Que sais-tu", dit le prince, "de la chimie amoureuse ?" "Fort peu", convint le dragon, "à part ce qui touche aux réactions exothermiques". "... Tu veux dire que ta flamme, en fait, c'est--" "Oui." "... Eh, mais du coup, quand tu me vises--" "Oui." "... Ah."
"Je sens ton cœur qui bat", dit-elle, l'oreille collée contre son torse, avant de s'endormir. R42 se leva alors en douceur, puis descendit à l'atelier rééquilibrer sa pompe à huile et éliminer le balourd, cause potentielle d'une défaillance future.
Nous autres vampires supportons des choses qui terrassent les tiens, humain. Des siècles de fidélité. Les MST. Les dérives, même les inversions, de conventions sociales. Des siècles d'*in*fidélité. Mais pas les coups de foudre. Leur lumière est trop ensoleillée.
"Quand nous créons un nouvel être, deux moitiés de deux ADN distincts fusionnent", dit l'ingénieur. "Nous autres robots", répondit R42. "appelons ça une corruption de fichier par écriture simultanée. Avez-vous trouvé, vous, comment réparer ce type de dégât ?"
Il aime l'action, elle est couche-tôt. Il est aventureux, elle est casanière. Entre le Prince et la Belle, le désamour était inévitable. Et puis, il y a la différence d'âge : il a tout juste entamé sa vingtaine, elle s'approche des cent vingt.
"Le pire cas, c'est deux télépathes. Dès qu'ils se perçoivent, s'ils se plaisent, leurs excitations s'alimentent mutuellement, et avant qu'on ait compris, ils forniquent comme des lapins. Ah, et en prime, c'est très contagieux sur trente bons mètres de rayon."
"Je t'avais réclamé le cœur du dragon", dit la sorcière. "Je n'ai pas eu le cœur de l'en priver", dit le chevalier. Ni lui celui de me laisser subir seul ton ire." "Rrr", approuva le dragon. "Te punir d'avoir fait ce que j'espérais ? Je n'ai pas si peu de cœur."
"Pas déchu", corrigea Lucifer. "Tombé. Amoureux. De Lilith. Que j'ai choisi de suivre quand elle fut chassée d'Éden pour avoir osé se revendiquer l'égale d'Adam. Et aussi bas qu'on me dise tombé, je reste au-dessus de ceux qui refusent de la reconnaître victime."
"Un philtre d'amour ?" dit la sorcière. "Pour votre propre consommation ? C'est... inhabituel. Pourquoi cette étrange requête, chevalier?" "Je ne peux pas lui causer de tort, donc je veux m'assurer d'être indéfectiblement amoureux d'elle", répondit R42.
"Mon plaisir, dit le prince, c'est d'accomplir des faits d'armes légendaires !" "Mon plaisir, dit le dragon, c'est d'accumuler des trésors fabuleux !" "Mon plaisir, dit la princesse, serait de n'être plus mêlée contre mon gré à la réalisation de *vos* plaisirs."
"Ce que j'en dis, Azou, c'est qu'on est bien placés pour savoir que les démons ont un gros penchant pour l'interprétation littérale. Et depuis le temps tu devrais avoir appris à faire gaffe. Parce que là, ta façon de déclarer ta flamme était *trop* littérale.
"… Votre robot ?" "Oui. Ses étreintes ont juste la bonne pression, ses gestes sont toujours délicieusement délicats, sa peau est toujours admirablement lisse, et il a toujours une température et une force de vibration idéales… Vous faut-il un verre d’eau ?"
Étant une sirène, ses chants devrait l'enivrer, mais apparemment devenir zombie lui a ôté, s'il l'avait jamais eue, l'oreille musicale. En revanche, sa démarche la fait rire, et ses rires le transportent -- presque autant que la perspective d'un cerveau frais.
"Tu lui as dit quoi à R42 tout à l'heure ?" "Il m'a demandé à quoi servait une lettre d'amour. Je lui ai répondu qu'on y détaillait à la personne aimée ce qu'on ressentait pour elle. Pourquoi ?" "Parce que là il a dépassé les quinze cents feuilles imprimées."
Quand ils dînent, elle lui épargne les parures d'argent, et lui les restaurants avec miroirs. À l'inverse, il tolère celui qu'elle conserve au plafond de son lit, et elle son goût pour les nuisettes arachnéennes. L'amour est fait de ces petites attentions.
"Ah mais lui il fait de l'invocation de démons en mode hardcore." "Hein ?" "Il invoque des succubes mais c'est *lui* qui fait tout son possible pour *les* séduire. Et quand ils se séparent, il doit faire en sorte de ne pas en sortir déchiré. Littéralement."
Observez un cerveau humain passionné : aucun de ses neurones ne véhicule de passion, juste des courants chimiques. Il en découle qu'un robot peut agir avec passion quand bien même aucun de ses circuits ne véhicule autre chose que du courant électrique.
"Je veux bien être compréhensive, mais en toute honnêteté, je dois vous dire que je n'aurais pas accepté ce rendez-vous si j'avais su que j'aurais à assurer seule trois longues heures de conversation", fit la princesse.
"La séance a été un succès : son esprit s'est bien manifesté." "J'étais sûr que l'amour entre elle et son mari y pourvoirait." "Oh ! Non, il était loin de suffire. Mais l'amour entre elle et chaque personne présente à la table, au total, a été assez fort."
"Les statistiques démontrent avec un haut degré de confiance qu'à durée égale, mes interactions avec vous produisent des résultats plus positifs qu'avec tout autre interlocuteur humain." "Juste ciel, R42... Est-ce une déclaration?" "Oui. Formelle."
Ils se regardent tous deux, amoureux au stade terminal, enlacés, dans ce miroir qui seul me permet de la regarder, parce qu'elle est une Gorgone, et où je ne peux pas le voir, parce que c'est un vampire. Comme quoi la beauté naît bien dans l’œil de qui regarde.
Un sorcier a un lien avec la Mana qui lui donne son pouvoir. Une sorcière a aussi ce lien... mais également un lien avec chaque autre sorcière. Coupez un sorcier de sa Mana, il est déjà mort ; coupez une sorcière de sa Mana... c'est vous qui êtes déjà mort.
"C'est à n'y rien comprendre ! Tous vos prédécesseurs ont dû s'enfuir poursuivis par l'esprit tapageur enragé ! Et là il est calme, et même tout sourires ! Comment diable avez-vous fait ?" "J'ai pris les devants : quand il est apparu, je lui ai souri d'abord."
"Un loup-garou et un vampire. La raison exclut la confiance", dit le golem. "La confiance n'est pas affaire de raison", dit le vampire, "mais de, ah, cœur." "ou de tripes," grogna le loup-garou. "Et on ne fait pas confiance à tous les humain mais à un seul."
"Tiens... Les deux Plasmes présents au cocktail se sont mutuellement tapés dans l'oeil. Regardez-les se rapprocher lentement en spirale ! Imaginez que si jamais ils étaient de polarité opposée, il suffirait d'une étincelle pour que TOUT LE MONDE À TERRE !
Parfois, le chevalier disparaissait sous la flamme aveuglante du dragon, qui partait avec l’or. Parfois, le dragon allait s’écraser, une flèche au cœur, derrière une colline au loin, et le chevalier touchait la récompense. Toujours, ils partageaient 50/50.
"Volta et moi on s'est rencontrés à la guerre Terre-Mars. J'avais une ambulance, lui un chasseur. Je récupérais les blessés, lui me tirait dessus -- normal : on était pas du même camp. La guerre finie, on n'avait plus à se canarder, alors on est devenus potes."
"Nous autres vampires, ne pouvons en fait *rien* faire sans le consentement des parties concernées. Ni franchir des seuils, ni mordre, ni même effrayer, ni... le reste. Ceci explique, je pense, que nous ne soyons pas l'espèce dominante de ce monde."