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Gredin
Ce n’est pas souvent que je déteste un chat.
J’ai vécu presque toute ma vie chez des chats, les miens, ceux de mes parents ou de mes grands-parents.
Même Poupouche, ainsi nommée en référence à un strip de Brétecher, et parce qu’elle puait du bec à faire mourir des mouches à dix pas. D’ailleurs, elle se servait de ce truc abominable pour réveiller l’humain préposé aux croquettes -- selon elle et un calendrier d’elle seule connu -- , en lui baillant sous le nez en plein sommeil. Même Poupouche donc, qui en plus de ses délicieux côtés odorants, se laissait tomber du haut des armoires pour vous lacérer les épaules en feulant, juste avant de vous étouffer de câlins -- et inversement --, je l’aimais.
Et je l’ai aimée longtemps, genre 17 ans.
Pourtant, le dernier adopté de ma voisine, dit Pacha, a réussi ce coup extraordinaire de se faire bien détester de moi. D’abord, il a commencé par me faire peur un matin en jaillissant de mon garage, si ébouriffé de rage que je l’ai d’abord pris pour un petit renard en pleine crise. Ensuite, parce qu’il s’est mis à courser et terroriser mon Timini adoré. Puis, il a tenté de chasser l’autre chat de la voisine (Othello dit Petit Gris) et que j’aime d’amour, lui, en revanche.
En gros et en détail, pour ceux qui seraient familiers du Disque Monde et de l’œuvre de Terry Pratchett, Pacha me campe un Gredin, le chat bien-aimé de la sorcière Nounou Hogg, tout à fait crédible. Il ne lui manque rien, aucune option désagréable, sans doute même pas d’être le père de toutes les portées dans un rayon de dix kilomètres jusqu’à l’an dernier.*
Au fil des mois, nous avons conclu, Pacha et moi, une sorte de pacte, selon lequel je m’abstiens de lui balancer le jet d’eau en pleine tronche et lui s’interdit de venir chasser de l’autre côté de ma haie. Nous nous sommes ainsi ignoré longuement bien un an ou deux.
Sauf aux instants pénibles, où Leika chienne boborurbaine, vaguement persuadée qu’elle est un chat en fait, imagine que si la bête double de volume en lui crachant à sa truffe baveuse de tendresse, c’est un signe indubitable d’amour pur et d’envie térébrante de jouer.
Je lui sauve les yeux et les oreilles au moins deux fois par semaine comme ça.
Sauf que voilà, ma voisine est partie en vacances un bon moment. J’ai comme tâche d’arroser quelques plantes, l’autre voisin de s’occuper des chats. Tous les deux jours, je vais donc parler aux Hostas et aux Hortensia, caresser quelques rosiers, surveiller les nénuphars.
Je suppose que ça fait long pour une petite tête de chat, fut-elle habitée par les fantômes de Kubilaï Khan, Attila et ( insérez ici le nom du conquérant sanguinaire de votre choix).
Il y a 4 jours, il s’est assis devant moi et a réclamé à manger. Comme je ne souhaite pas la mort du pêcheur , j’ai obtempéré. Une fois, deux fois trois fois. Maintenant le salopiot m’attend à la haie (sans dépasser).
Ce matin, il m’a couverte de câlins, de coups de tête et de huit velus entre les chevilles.
Demain, je suis quasi sûre qu’il va ronronner, cette raclure.
Je suis cuite.
* Ma voisine a fini par parvenir à le coincer et l’amener chez le véto au risque de leur vie à tous les deux, le véto et elle.
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