Non seulement il enterre la promesse de feu Valerius avec son auteur, mais il parle aussitôt de prendre la plèbe, déjà toute armée et recrutée, pour une campagne contre les Aequi et les Volsci. Les tribuns flairent un piège. Si le consul emmène le peuple hors de la cité, il pourrait tout à fait (c'est dans ses pouvoirs) y tenir des comices. Or, hors de Rome, les tribuns ne peuvent intervenir : Cincinnatus pourrait alors détricoter toutes les lois pro-plèbe, voire, se faire nommer dictateur.
Désespérés, les tribuns négocient un arrêt de la campagne militaire en échange d'un report du vote de la loi Terentilia. Encore.
– Okay, fit le sénat. Mais dans ce cas, Vivi, Fifi, et tous les autres, vous arrêtez de vous faire réélire. – OK. Mais l'an prochain on aura d'autres consuls que Claudius le taré et Cincinnatus le facho. – Autres consuls, autres tribuns. Deal. L'année suivante, on élit d'autres consuls... et les mêmes tribuns sont réélus. Livounet trouve que c'est pas du juste.
Les patriciens avaient bien voulu faire réélire Cincinnatus, mais lui-même, Patricien Pur Jus Pétri de Rigueur Morale, a refusé, leur a fait la morale, leur a dit qu'ils devaient donner l'exemple, et est parti travailler à sa terre.
460-459 : baston avec les Aequi et les Volsci à Antium. Tusculum se fait prendre par les Aequi, est reprise par Rome, qui récupère le mont Algidus, une position importante.
Cependant, la défense patricienne s'organise et... on fait un procès à Fifi !
Vous vous souvenez, Marcus "Volscius" Fictor (on soupçonne "Volscius" d'être un surnom péjoratif à l'origine) ? celui qui avait accusé KQ de meurtre dans un plot twist ? Eh bien, 2e PLOT TWIST ! Son accusation était probablement du flan ! En effet, KQ avait un alibi pour le meurtre, au moins d'après ses compagnons d'armes. D'autant que personne n'avait vu le frère de Fifi dans les rues au moment de la supposée bagarre. 🧐 Un nouveau bras de fer politique s'engage autour du procès de Fifi.
En gros, si les patriciens empêchent le vote de la loi, eh bien les tribuns empêchent le procès, na !
Vivi, négociant âprement (d'autant que dans les questeurs accusant Fifi de faux témoignage il y a le père même de KQ) (Rome ❤️ le conflit d'intérêts), réussit à obtenir que dans 2 mois, oui DEUX, on laissera voter la loi !
Spoiler : en fait non.
Car, en effet : 458 : les Aequi menés par un certain Gracchus Cloelius, pillent le territoire des alliés et occupent le mont Algidus.
Ce dimanche, on résume le livre III d'Ab Urbe Condita de Tite-Live ! Dans l'épisode précédent, patriciens et plébéiens se disputaient sur des lois de redistribution des terres. Comment la lutte sociale va-t-elle évoluer ? Rome est-elle à l'abri d'une petite tyrannie de plus ? Et ce livre va-t-il contenir l'une des légendes les plus authentiquement patriarcales que j'ai pu lire CW CW CW ?
Donc ! Nous sommes vers 467 avant notre ère, et pour faire la transition avec le livre II Rome débat d'une loi agraire, vous savez, ces lois de redistribution des terres que prônent les tribuns, représentants de la plèbe jugé sacrosaints (= si vous les touchez la plèbe vous *démonte*). Un consul est pour, les patriciens grognent que c'est trop démago, et l'autre consul propose de distribuer des terres d'Antium, qu'on vient de conquérir sur les Volsci. Motion adoptée.
Les Romains, ça leur plaît moyen d'aller à Antium, genre on distribue des maisons gratos aux habitants du 9-3 sauf qu'elles sont à Guéret, 2-5. Il y a donc peu de plébéiens qui en profitent, ce qui fait soupirer Tite-Live sur l'inconstance humaine. Car, j'en profite pour le rappeler, Livounet va nous décrire la lutte entre patriciens et plébéiens avec un parti pris un peu curieux, plutôôôt pro-patricien (mais pas toujours).
Autre invariant : Rome est toujours en guerre avec ses voisins.
C'est un feu roulant de luttes contre les Aequi, les Volsci et les Sabini (cf. carte ci-dessous), et pour simplifier ce thread je vous propose de résumer/sauter les récits de bataille, sauf quand ils sont cool, bien entendu. Exemple : 465-464, baston avec les Aequi, gagnée par le consul Quinctius.
463 : pillages des Aequi et des Volsci chez les Hernici et sur le territoire romain, Rome ne peut riposter à cause d'une grosse épidémie.
462: baston avec les Aequi et Volsci et victoire romaine +++.
Cependant, un tribun de la plèbe, Caius Terentilius Harsa, arriva un beau jour de 462, alors que le consul Lucretius finissait sa grosse victoire sur les Aequi.
– Bonjour, je suis Terentilius, et j'ai un projet de loi, la loi Terentilia. – Bonjour, nous sommes les patriciens, c'est quoi ta loi ? – Vous savez comment vous patriciens vous êtes les seuls à connaître le droit à Rome et donc à rendre la loi et à définir les pouvoirs des magistrats ? – Hum hum, on voit pas le problème.
– Ben je propose qu'on nomme 5 gens qui vont écrire et publier le droit. – Ah. – Et qu'ils réglementent le pouvoir des consuls, qui est trop abusé. – Ah. – Et pendant que les consuls sont partis guerroyer, je vais tenir des discours incendiaires en public à ce sujet, à en faire paraître Méluche et Chikirou pour Bayrou et de Courson. – Ah. – Ca vous va si je fais voter par l'assemblée du peuple ma loi qui a 99,99 % de chances de passer ? – Tu préfères pas qu'on ait tous piscine ce jour-là ?
Le projet de loi Terentilia, énorme pavé dans la mare, déclenche une réaction patricienne extrêmement violente. Les patriciens accusent les tribuns de piège, de trahison, de vouloir livrer la ville à l'ennemi. Et surtout, pendant presque DIX ANS, ils usent de tous les prétextes pour empêcher la loi d'être votée. Ils obligent à attendre le retour des consuls. Ils obligent à attendre le triomphe d'un consul vainqueur. Ils prétextent des prodiges qui interdiraient tout trouble politique.
Ils parlent, bien sûr, d'attaques des Aequi et des Volsci, de possible sécession de la colonie d'Antium, et que ce soit vrai ou faux les tribuns de la plèbe font de l'obstruction aux opérations de recrutement, avec bagarresà la clé. Tous les jours, les tribuns de la plèbe présentent la loi aux comices tributes. Tous les jours, les patriciens font échouer le vote. Car ils ont un truc.
À Rome, on vote par groupe, ce qui implique que les électeurs se déplacent pour se répartir dans l'assemblée.
Quand les tribuns de la plèbe veulent soumettre leur loi au vote, les patriciens, surtout les plus jeunes, refusent de se lever, font de l'obstruction physique, et quand on veut les saisir de force, ripostent. À coups de poing.
Un jeune patricien, que Livounet décrit comme grand, fort, brave et beau, Kaeso Quinctius, est spécialiste de la castagne aristocratique.
C'est un peu la gueule de Gosling et le corps de Riner avec l'esprit du GUD. Je suggère qu'on l'appelle KQ.
Ce soir, comme promis, continuons notre lecture du livre II d'Ab Urbe Condita (= "Depuis la fondation de Rome") de Tite-Live ! Au menu, des patriciens vexés, des légendes héroïsant à mort les grandes familles et beaucoup, beaucoup, beaucoup de bisbilles autour de lois pour savoir à qui que sont les champs.
Aujourd'hui, comme promis, continuons à lire Tite-Live ! Dans les épisodes précédents, Rome avait vu sa monarchie partir en cacahuètes, ce qui avait poussé l'aristocratie à se plaindre au SAV mythique et instaurer une république.
Comment va-t-elle se débrouiller dans ses premières années ? Va-t-elle survivre à la réaction monarchiste et va-t-on pas trop se taper entre Romains ?
Ce soir, lâchez tout, plaquez vos conjoints et conjointes, vos marmots et marmottes, la politique et les jeux olympiques : on parle histoire de Rome !
Dans l'épisode précédent, nous vîmes Rome se faire fonder et les Romains connaître trois rois. Qui allait succéder au sanglant Tullus ? Et comment la royauté va-t-elle décader puis cesser ?
Tite-Live, Ab Urbe Condita, livre I, épisode 2 : un THREAD ⬇️